Les sorties culturelles se poursuivent !

Dans le cadre du projet culture et santé soutenu par l’ARS et la DRAC, les sorties culturelles s’accentuent pour le groupe de patients de la clinique. Voici une petite synthèse sur ce qui s’est déroulé début février.

Le 1er février, l’abstraction au musée de Cambrai…

L’artiste plasticien et le musicien sont deux compositeurs. Ils choisissent les formes, les tonalités qui saurons-nous toucher. Les participants ont tenté de décrypter ensemble les codes de création et de lecture des collections d’abstraction du musée grâce à la musique. Le visiteur devient alors chanteur, percussionniste afin de transcrire sa vision de l’œuvre picturale.

Alors qu’ils n’avaient découverts jusqu’à présent que des œuvres plutôt contemporaines, les participants ont donné cette fois rendez-vous à la modernité puisque le thème du jour était l’abstraction.

Une curieuse façon de commencer…

Devant une représentation « grand modèle » de la ville de Cambrai en pleine époque de Louis XIV, les participants devaient tenter de représenter sur une feuille ce tableau en moins de 30 secondes !

Ils ont finalement découvert au travers de cet exercice que l’abstraction consistait à représenter des choses non figuratives !  ce ne sont pas les détails qui compte mais les formes plutôt géométriques destinées à les représenter !

Rendez-vous dans la salle du célèbre piano forté, les patients ont appris progressivement comment est arrivée l’abstraction. D’abord avec le portrait, puis les paysages avec la notion de touche (trait fins au pinceau ou d’effets de vitesse, telle l’herbe qui bouge avec le vent…

« On dénature la figuration de l’être et de l’objet avec des formes et des couleurs »

Le ton est donné avec la modernité du cubisme, où les maisons sont représentées par des cubes, des triangles, des trapèzes… Ce jeu de forme et de couleurs est somme toute bien plus compliqué à réaliser que l’abstraction. Ex : Femmes en train de danser – J DEWASME-1939

Femmes en train de danser – J DEWASME-1939

La visite s’est achevée avec présentation d’œuvres très modernes et colorées d’artistes comme Auguste Herbin, Geneviève Claisse ou encore Guy de Lussigny, où les participants étaient d’ailleurs invité à faire résonner les œuvres avec de petits instruments comme le triangle.

 

Le 8 février au musée Matisse…

L’intervention a été consacrée à l’exposition temporaire de Pierre Alechinsky, artiste Belge d’origine russe de 89 ans.

Gravitant autour d’une galerie d’œuvres de l’artiste, le groupe a bénéficié d’une présentation très passionnante de sa vie et de son style pictural. Ce dernier navigue entre mystère, mariage des couleurs chaudes et froides ou encore réalisations exclusives de calligraphies à l’encre de chine…

Pierre Alechinsky, inspiré par la calligraphie asiatique, se distingue néanmoins par des œuvres souvent très grandes, et qui se caractérisent souvent par une marginalia, sorte de succession de vignettes occupant toute le périmètre de l’œuvre, et souvent réalisées en noir et blanc. Alechinsky est un maître de l’encre et nombre de ses tableaux sont d’inspiration chinoise. Il a appris avec Walasse Ting. Le cousinage avec Matisse est flagrant. Empreinte de bouche d’égout intégrée au paysage abstrait, jeux de lettres et de mots, imbrications de créatures et de formes géométriques.

Inspiré aussi par Pollok qui « jette la peinture au sol » il va lâcher son geste sur le papier. Alechinsky, passionné de livres, a rencontré des artistes du surréalisme au cours de sa formation, ce qui explique sans doute des œuvres comme  « le théâtre des armées », où des scènes de bataille et de langues nouées encadrent une abstraction flamboyante  sur vision d’horreur, d’apocalypse, de chaos…. [cf. image de gauche]

« Après nous », 1980, acrylique avec dessins marginaux à l’encre sur papier, marouflé sur toile, propose une peinture plus classique, plus viscérale et moins intellectuelle, avec de la couleur, de l’émotion… L’artiste belge est un grand amateur d’arts populaire (carnaval…) et fait aussi partie d’un groupe d’artistes COBRA (Copenhague, Bruxelles Amsterdam), dont les membres répudient la culture rationaliste occidentale, dont la décomposition est devenue évidente, selon eux, au cours de la Seconde Guerre mondiale.

La visite s’achève avec un atelier proposant à la fois différentes techniques pour réaliser un dessin suivant le style d’Alechinsky. Succès collectif garanti !

Le 16 février le paysage s’invite au musée du Louvre à Lens…

Au musée du Louvre Lens, la galerie du temps propose un parcours de 5000 ans d’histoire de l’art ; l’occasion de découvrir des continuités et des thèmes diachroniques, c’est-à-dire traversant les époques. La figure humaine, le corps, l’écriture, font partie de ces thématiques. Il n’en est pas de même avec la peinture de paysage. Les paysages apparaissent tardivement en tant que genre à part entière.

Après présentation de l’architecture asiatique du musée composée exclusivement de murs non porteurs en verre, laissant traverser la lumière de part en part du bâtiment, le médiateur a habilement amené les participants à comprendre que les occidentaux n’ont pas la même conception du paysage que les asiatiques. Exemple des jardins japonais où le détail s’oppose aux jardins occidentaux « épurés »)

Au cours la visite le groupe a découvert la Renaissance, où timidement, commencent à poindre des arbres agencés en une certaine logique. C’est à cette époque qu’un décor nouveau se fait jour, un cadre au sein duquel évoluent les figures historiques ou mythologiques. Mais avec Nicolas Poussin, le paysage devient un personnage à part entière. Cette période est celle dite du « paysage classique », où la nature omniprésente est idéalisée. Au milieu du XIXe, l’approche est très différente : le paysage devient le sujet même du tableau : l’arbre est notamment élevé au rang de grande figure. L’importante notion de perspective a enfin permis d’expliquer au groupe que c’est grâce à elle, que les artistes peuvent donner de la profondeur à leur œuvre.

Mme L. fière de sa réalisation

L’atelier s’est axé sur les règles de composition d’un paysage. A partir de gabarits et d’astuces de composition, les participants ont agencé une œuvre composant un paysage. Certains ont achevé leur œuvre à la peinture, certains à l’encre, alors que d’autres combinaient les deux !

On parle de ce projet également sur le blog politique de santé de l’Agence Primum Non Nocere

A revoir également les premières sorties du projet.